Pourquoi a t-elle été créée ?

Lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie (2021), le gouvernement a rappelé son souhait de changer de modèle pour la santé mentale en France, en encourageant l’autodétermination des personnes en situation de handicap psychique et le soutien par les pairs. Le gouvernement reconnaît clairement la pertinence du savoir expérientiel dans la transformation des pratiques et de l’offre de soins en psychiatrie (Ministère des Solidarités et de la Santé, 2021). Selon M. Coldefy dans son rapport pour le HCAAM (2022), la pair-aidance constitue un levier majeur du développement de l’approche partenariale en santé mentale. De manière similaire, la Commission du Lancet sur la stigmatisation dans les maladies mentales insiste sur la nécessité d’un changement fondamental dans les relations entre professionnels de santé mentale et personnes en situation de handicap psychique, où la stigmatisation demeure une barrière majeure (Thornicroft et al., 2022). Dans ce contexte, la pair-aidance apparaît comme un puissant levier pour opérationnaliser ces changements. Elle est fortement encouragée par l’OMS (2021), comme un outil susceptible d’opérationnaliser l’approche centrée sur la personne, basée sur les droits et le rétablissement.

Malgré son développement exponentiel en pratique, la pair-aidance en santé mentale n'est pas encore reconnue comme une pratique "basée sur la preuve", c'est à dire dont l'efficacité bénéficie d'un niveau de preuve scientifique suffisant pour être recommandée en routine clinique (Evans et al., 2021). Les données en France sont encore plus rares, grévant ainsi la compréhension des conditions dans lesquelles la pair-aidance en santé mentale peut se développer de manière optimale. Ainsi, la modélisation de la pair-aidance reste encore à développer (Lloyd -Evans et al., 2014) et permettrait d’apporter des arguments en faveur de son développement, notamment en France. De plus, de nombreuses questions animent la communauté des acteurs concernés par la pair-aidance. L'étude de ces questions s'avère essentielle pour répondre aux incitations internationales et nationale de développement de la pair-aidance en santé mentale.

Dans ce contexte, la Communauté Mixte de Recherche (CMR) sur la pair-aidance en santé mentale a vu le jour afin de développer des études scientifiques qui permettront de répondre aux questions que se posent les acteurs concernées par la thématique en France.

Objectifs

L'objectif de la CMR est de développer, structurer et animer un réseau de collaboration entre chercheurs et différentes parties prenantes pour :

faire émerger des questions de recherche prioritaires pour le développement de la pair-aidance en santé mentale en France, à partir des préoccupations des différents acteurs,
produire des données fiables et mobilisables directement par les acteurs de terrain et les décideurs institutionnels,
diffuser largement les connaissances, pour les mettre à disposition de la communauté des personnes intéressées par les informations produites,
constituer une base de ressources et d'informations sur la pair-aidance en santé mentale

Méthodes

Pour remplir ses objectifs, la CMR s'inscrit dans une démarche de recherche participative, de pratique basée sur les preuves, et de recherche pluridisciplinaire.

Elle inclut :

deux équipes de chercheurs (Laboratoire de Psychologie de l'Université de Bordeaux, Centre Collaborateur de l'OMS de Lille)
des représentants de différentes parties prenantes : pair-aidants (en exercice ou en formation), personnes en situation de handicap psychique (Clubhouse de Bordeaux), familles et proches (UNAFAM), professionnels de santé mentale (CH de Jonzac) et décideurs institutionnels (ARS Nouvelle-Aquitaine).

Perspectives

Même si la portée de certains résultats se situe à un niveau scientifique international, le but premier du développement de la CMR est de fournir des informations utiles au déploiement de la pair-aidance en santé mentale dans les spécificités du contexte culturel français. Ces travaux seront communiqués largement.